Avant de devenir développeur web, Coralie a été professeure de biologie et s’est même envolée pour les Etats-Unis pour réaliser un stage dans ce domaine. Une expérience qui fut une révélation pour elle en terme d’apprentissage et de pédagogie. Une petite révolution dans sa manière de penser et d’appréhender le monde qui l’entoure.
Coralie est une lève-tôt. Chaque matin à six heures, elle s’accorde un moment pour prendre soin d’elle, faire des projets pour sa vie personnelle et organiser ses weekends. « Il est important dans ce métier de se retrouver et de se déconnecter de la technologie. » affirme-t-elle. Elle arrive ensuite à 8h30 à son travail, salue l’ensemble du personnel avant de prendre un café avec son équipe. Un rituel important pour elle, « car c’est là que les liens se nouent. » Viennent ensuite quinze minutes dédiées à l’entretien de son réseau sur Linkedin et par e-mails. Puis, et surtout, elle ouvre son fichier de « suivi perso » qui lui permet de se retrouver précisément dans son travail effectué la veille. Elle souligne avec humour : « Je daily scrum avec moi-même ! ». C’est en effet un autre point d’honneur pour Coralie : l’organisation est primordiale dans le métier de développeur web.
« C’est aussi une tradition qui me vient de mes longues études universitaires. Je suis habituée à tout ficher pour mieux me repérer et être davantage efficace. Ça me permet aussi d’aider les élèves actuels de la Wild Code School. Sur certains problèmes de code, les élèves me sollicitent pour savoir si je les ai déjà rencontré et comment je les ai résolus. Je n’hésite pas à leur envoyer les fiches que j’ai réalisé avec des copies d’écran qui détaillent la procédure. Cela a été le cas pour les blocs dans la partie administrative d’un site. A chaque fois ils étaient ravis. Je suis très heureuse de pouvoir les aider. C’est à la fois un devoir et naturel pour moi ».
Coralie apprécie la grande autonomie dont elle doit faire preuve dans son travail. Elle est ainsi venue palier le manque de compétences au Conseil Départemental.
« J’ai beaucoup apprécié le soutien de mon DSI, William [Directeur des Systèmes d’Information] et de mes collègues qui étaient là pour me soutenir quand je perdais espoir face à des bugs. Ils me redonnaient confiance en moi et en mes compétences ; cela m’a beaucoup aidée étant donné que je suis la seule développeur en Symfony2. Mes collègues m’apportent également beaucoup dans la manière de penser : ils n’ont pas de compétences techniques mais en suggérant des solutions, ils ont contribué plusieurs fois à résoudre des problèmes de code. »
L’avantage pour Coralie est aussi les grandes responsabilités qui lui ont été attribuées dès son arrivée. Coralie s’est très vite vue attribuée d’importantes responsabilités. Le contenu du stage est très dense mais lui a permis de monter rapidement en compétences:
« Il s'agit d'un sujet assez complexe et qui me permet d'être à la fois chef de projet et développeur. Je dois mettre en place un outil de gestion de la flotte des véhicules du Conseil départemental, laquelle est répartie sur tout le département. Ce qui accroit le nombre de gestionnaires de l’application. Ces derniers seront formés à la prise en main de l'application au mois d'août.
L'interface utilisatrice est simple et comporte un formulaire d’envoi d’emails (avec plusieurs conditions possibles selon les données de la réservation de véhicule) et sera utilisée, via l'intranet, par tous les agents. L'interface administratrice est plus poussée avec notamment trois niveaux de droits et d'accès différents, un calendrier dynamique des disponibilités, ou la possibilité d’envoyer des emails.
Je mets en place la version 1.0 avec comme objectif d'aller le plus loin possible. Donc l'application est amenée à évoluer. »
Une immense satisfaction pour Coralie qui a dû formaliser l’application de A à Z. Toutefois, les difficultés ont été nombreuses : « Je n’avais pas toutes les données au départ pour faire l’application. J’ai été formée sous Linux, Git et PHPStorm alors que le Conseil Départemental travaille lui sous SVN SublimeText, Eclipse et Windows. »
La grande difficulté du code est en effet le langage : comme toute langue étrangère, chacune a sa syntaxe propre, le tout est de trouver la bonne manière de formuler (autrement dit de coder) alors qu’il y a mille façons de le faire. «Romain m’a épaulée [CTO de la Wild code School] pour monter en compétences. Cela m’a aidée à progresser et à traverser sereinement les périodes de doute que tout développeur connaît à un moment donné ou un autre. »
A la question de savoir ce que Coralie aime dans le code, elle répond sans hésiter : la complexité. « Je n’aime pas que les choses soient trop faciles, j’aime la complexité. Ce qui est assez paradoxal car c’est tout l’inverse dans ma vie privée [rires], j’aime les choses simples au quotidien. » Obtenir des résultats concrets sur ce que l’on fait, c’est ce qui motive Coralie. « Il est facile d’obtenir un retour des utilisateurs car il est simple de savoir ce qui leur convient ou non ! »
C’est là un aspect auquel tient particulièrement Coralie : se rendre utile aux autres. « J’aime tout ce qui est relatif à l’aide à la personne, l’aide à l’usage et aux usagers. Cela tient sans doute en grande partie à ma personnalité car j’aime savoir que j’apporte quelque chose à quelqu’un. »
Son expérience outre-Atlantique a influencé la manière d’appréhender à la fois le monde qui l’entoure, et les autres.« Ce que j’ai appris durant mon stage aux Etats-Unis, c’est l’esprit de recherche, cette envie d’aller chercher toujours plus loin les solutions. Je retrouve cela dans le code. Il faut sans cesse pousser ses limites intellectuelles. »
Quant à sa reconversion, elle est toute naturelle.
« J’ai toujours allié sciences et marketing. Je suis d’une nature très curieuse. Le développement web… Je l'ai découvert à Noël 2014 lors d’un reportage sur la Wild Code School au JT de TF1. Je ne me suis même pas posée de questions et le soir même je postulais. Début 2015, je recevais un premier émail qui enclenchait le processus de recrutement pour intégrer la promotion 2 à La Loupe. Pourquoi ce choix ? Je voulais travailler dans un secteur dynamique, porteur et surtout qui me permette d'apporter aide aux usagers et d'avoir le retour de mon investissement au travail. »
Les femmes développeurs sont très demandées. « Je pense que nous apportons vraiment quelque chose de différent dans cet univers qui est très masculin à la base. Nous apportons un certain d’esprit de contradiction, une douceur, un tact, une féminité qui rendent aussi plus abordables ce métier très technique. Cela peut être parfois fatiguant car on se sent un peu harcelée à la longue ! Mais c’est plutôt une bonne chose finalement, cela prouve que l’on trouvera du travail. »
Le sentiment de Coralie face aux recruteurs : « J’avais l’impression d’être le dernier morceau de viande sur l’étal du boucher ! »
Dans les dernières semaines écoulées, Coralie a passé 12 entretiens téléphoniques pour des postes à la fin de son stage, notamment des cabinets de recrutement, très actifs concernant le domaine du développement web. « C’est un métier où il y a une demande réelle du marché. »
Si après son stage Coralie souhaite monter en compétences dans une autre structure, elle rêve d’ores et déjà d’ailleurs. « D’ici 2 ou 3 ans, j’aimerais m’expatrier dans un autre pays, comme le Danemark, le Luxembourg, l’Allemagne ou la Suisse. Ce sont des pays qui m’attirent pour l’équilibre entre la vie pro et la vie perso qu’ils offrent et parce qu’ils encouragent la vie culturelle »
Outre le changement de lieu de vie, Coralie se voit d’ici 5 ans chef de projet dans le milieu du développement durable, pharmaceutique, textile ou encore aéronautique. Ce qui l’attire avant tout c’est de « contribuer à des innovations techniques », contribuer à l’innovation par l’usage afin de servir l’usager.
« Cette formation a été vraiment positive pour moi qui était en reconversion professionnelle.. »
Où qu'elle soit dans les années à venir, Coralie aura forcément avec elle un ordinateur pour coder.