Près de la moitié des joueurs de jeux vidéo sont des femmes. La parité semble donc atteinte. Et, pourtant, la situation est un peu plus compliquée que cela. En réalité, seules 6% des femmes sont représentées dans l’esport. Et seuls 24% des développeurs de jeux vidéo sont des femmes. Si les femmes ont le droit de jouer, elles n’ont visiblement pas la chance de pouvoir en vivre. Car, oui, l’écart de revenus est d’environ 17% entre les femmes et les hommes en France, mais, dans l’esport, on parle d’un écart moyen de 718%. C’est beaucoup ! Résultat : le taux de féminisation dans l’esport est plus faible que celui de l’armée française…
Comme Mario, les clichés ont plusieurs vies et finissent toujours par respawn. Le jeu vidéo est donc encore perçu comme une pratique masculine, dissuadant de nombreuses femmes de s'y essayer. Une situation exacerbée par un accès et une éducation limités au jeu vidéo dès le plus jeune âge, ainsi que par un environnement de travail parfois hostile aux femmes. Des clichés de genre et la perception d'illégitimité des femmes dans ce domaine ajoutent des difficultés supplémentaires. Même si des figures féminines inspirantes émergent dans l'esport, telles que Lyloun ou Kayane, contribuant à un changement progressif vers plus d'inclusion.
Comment se faire entendre quand le micro est coupé ?
Sensibiliser les internautes, hommes ou femmes, c’est aussi la mission que s’est donnée l’association GameHer, fondée en 2017 par des étudiants en développement web. “Quand nous avons créé l’association, il y avait encore moins de femmes qu’aujourd’hui sur la scène esportive. Et j’ai pu voir, dès mes études, que la tech est un milieu très masculin. Or, j’avais envie d’écrire sur le jeu vidéo et de porter une voix féminine dans cette industrie”, raconte Noëlie Roux, secrétaire de l’association GameHer, et consultante auprès des entreprises qui souhaitent rendre leurs sites web plus accessibles.
Mais, comme dans tout bon die and retry, la mission est semée d'embûches. Et Noëlie en a fait les frais. “Je suis arrivée à la présidence de l’association pendant le confinement. C’était une période d’effervescence, car il y a eu un gros boom des présences en ligne. Le nombre de streameuses par exemple a beaucoup augmenté. Et avec lui, malheureusement, le harcèlement des joueuses en ligne. Ça fait 10 ans qu’on parle de ces sujets, qu’on les porte à bras-le-corps et, malgré les actions de nombreuses associations, nous avons le sentiment que rien ne bouge. C’est ce qui a causé chez moi une forme de burnout, à l’issue duquel j’ai laissé ma place de présidente de l’association en 2022”, explique Noëlie Roux.
Les figures de l’ombre
Pour porter des figures féminines à la lumière, l’association GameHer mise sur des conférences, tables rondes ou des tournois de jeux vidéo. Et, parce que le réseau aide à grandir, GameHer entretient des partenariats avec d’autres associations comme Afrogameuse, Women in Games France, Stream’Her et Witch Gamez. Fonctionnant principalement sur Discord, elle recueille des bénévoles en France, Suisse, Belgique et même en Suède.
“Avec une autre collègue de l’association, nous avons organisé des conférences sur l’accessibilité dans le jeu vidéo, notamment auprès des étudiants de parcours technique et sur Twitch, détaille Noëlie Roux. On a croisé des personnes qui ne voyaient aucun intérêt à la question de l’accessibilité dans le jeu vidéo. Mais nous avons aussi rencontré des personnes qui avaient tout de suite compris l’enjeu derrière cette problématique. Finalement, la conférence suscite beaucoup d’intérêt, parce que nous n’y pensons pas en tant que joueur, mais les soucis d’accessibilité peuvent nous toucher à n’importe quel moment de notre vie.”
À quand la suite ?
À l’occasion des journées internationales des droits des femmes les 9 et 10 mars, l’association sera active aux côtés de la Cité des Sciences et en ligne avec ses partenaires, dans un dispositif encore tenu secret.
Mais, entre-temps, l’association cherche toujours à renforcer ses rangs. “Nous sommes constamment à la recherche de personnes motivées par nos valeurs et nos objectifs. Nous n’imposons rien à nos bénévoles, nous ne fonctionnons que sur le temps disponible de chacun, précise Noëlie Roux. Nous utilisons aussi GitHub avec du code open source ouvert à toutes les autres associations si elles veulent récupérer nos éléments. Et, si certaines personnes veulent s’initier au code, c’est l’occasion de pratiquer sur notre site !”
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