Depuis la crise sanitaire de 2020, le télétravail a révolutionné le monde professionnel, particulièrement dans le secteur technologique. Offrant une flexibilité inédite, il a été largement plébiscité par les salariés de la tech, au point de devenir un critère majeur de choix de poste. Pourtant, année après année, la dynamique s'essouffle. Alors que les entreprises cherchent à maximiser la productivité et renforcer la cohésion d’équipe, la question d’un retour au bureau est de plus en plus discutée.
La fin du full remote : une tendance en marche
Le travail 100 % à distance (ou full remote) était la norme dans de nombreuses entreprises tech post-pandémie. Cependant, la tendance connaît une baisse notable, avec, en tête de lice, les géants de la tech. Amazon a récemment exigé un retour au bureau cinq jours par semaine. Cette décision, contestée en interne, s'explique en partie par une volonté d'équilibrer les conditions de travail entre cols blancs et cols bleus, notamment dans ses entrepôts où le télétravail est impossible. D'autres acteurs, comme Ubisoft, ont également limité le télétravail, arguant que la créativité et l'innovation nécessitent une interaction physique régulière. Mais cette stratégie est loin de faire l'unanimité et provoque des remous parmi les salariés, qui revendiquent une meilleure qualité de vie et une flexibilité accrue pour maintenir leur productivité.
Selon une analyse récente de Mathias Frachon, cofondateur de The Product Crew, le nombre d’offres en full remote a chuté drastiquement parmi les 800 entreprises partenaires du réseau :
- 2022 : 71 % des offres proposaient du travail à distance total.
- 2023 : ce chiffre est tombé à 29 %.
- 2024 : il n’est plus que de 23 %, marquant une véritable inversion de tendance depuis le début de l’année.
Ce déclin s’explique en partie par les difficultés rencontrées par certaines entreprises à maintenir la productivité et l’engagement de leurs collaborateurs à distance. Dans les start-ups et scale-ups tech, où l’innovation repose souvent sur une collaboration étroite et des échanges spontanés, la distance a montré ses limites.
Pour autant, l’idée d’un retour 100 % en présentiel semble révolue : moins de 0,3 % des postes en tech imposent désormais une présence quotidienne sur site
Vers un modèle hybride généralisé ?
Plutôt qu’un retour au 100 % présentiel, la majorité des entreprises tech s’oriente désormais vers des modèles de travail hybrides, combinant télétravail et présence au bureau. Cette approche permet d’offrir le meilleur des deux mondes : la flexibilité pour les collaborateurs et la cohésion d’équipe nécessaire au bon fonctionnement de l’organisation.
D’après le baromètre de La Product Conf Paris, les pratiques actuelles de télétravail se répartissent de la manière suivante :
- 5 jours de télétravail par semaine : 22 % des salariés.
- 4 jours : 10 %.
- 3 jours : 33 %.
- 2 jours : 32 %.
- 1 jour seulement : 2,4 %.
- 0 jour de télétravail : 0,3 %, signe d’une quasi-extinction du 100 % présentiel.
Ce basculement progressif vers l’hybride montre que le télétravail reste très prisé des talents tech, mais qu’un équilibre se dessine autour de deux à trois jours à distance par semaine.
Une forte demande des talents pour la flexibilité
Bien que les offres en full remote diminuent, la demande des professionnels reste forte. De nombreux salariés du secteur préfèrent le télétravail total pour des raisons de qualité de vie et de liberté. Cette aspiration est d’autant plus marquée chez les travailleurs freelances, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Selon Mathias Frachon, cette montée en puissance du freelancing est directement liée à la volonté de conserver une flexibilité géographique et temporelle que certaines entreprises commencent à réduire.
Face à cette tendance, certaines entreprises se retrouvent en tension, hésitant entre répondre aux attentes des talents et garantir une organisation interne fluide et efficace.
Les enjeux du retour au bureau
Si le télétravail total tend à diminuer, ce n’est pas sans raison. Plusieurs défis poussent les entreprises à réévaluer leurs politiques de travail à distance :
1. La perte de cohésion et de culture d’entreprise
L’un des principaux freins au télétravail total réside dans la difficulté à maintenir un sentiment d’appartenance. Les interactions spontanées, essentielles pour renforcer la culture d’entreprise et développer la créativité, sont difficiles à reproduire à distance. De nombreuses entreprises tech constatent une baisse de l’engagement des salariés travaillant exclusivement à domicile.
2. Une productivité variable
Contrairement à une idée reçue, le télétravail n’augmente pas systématiquement la productivité. Si certains collaborateurs sont plus efficaces à domicile, d’autres, au contraire, peinent à rester concentrés. Les managers, souvent en première ligne, expriment des difficultés à encadrer et motiver leurs équipes à distance, particulièrement sur des projets complexes nécessitant une forte coordination.
3. L’innovation freinée par la distance
Dans un secteur comme la tech, où l’innovation repose sur des itérations rapides et des échanges fréquents, le télétravail peut freiner la dynamique de création. Le retour partiel au bureau permettrait de réinstaurer des rituels collaboratifs favorisant l’émergence d’idées nouvelles.
Les bureaux de demain : espaces de collaboration et d’innovation
Plutôt qu’un simple lieu de travail, les bureaux de 2025 deviendront des espaces de rencontre et d’innovation. De nombreuses entreprises repensent déjà leurs locaux pour les adapter aux nouveaux besoins des équipes hybrides.
Ces espaces seront davantage tournés vers la collaboration, avec des salles modulables, des équipements technologiques de pointe et des zones de détente favorisant les échanges informels. L’objectif : recréer une expérience de travail enrichissante qui donne envie aux salariés de revenir au bureau, sans pour autant les contraindre à renoncer à la flexibilité du télétravail.
Un équilibre à trouver en 2025
L’avenir du télétravail dans la tech en 2025 ne sera ni 100 % à distance, ni 100 % au bureau. Le modèle hybride s’impose comme la norme, répondant aux attentes des talents tout en permettant aux entreprises de maintenir une dynamique collective.
Ce qui est certain, c’est que la flexibilité restera un enjeu central. Pour les entreprises, il s’agira de trouver un équilibre entre liberté individuelle et performance collective, en offrant des environnements de travail adaptés à une génération de professionnels en quête d’autonomie et de sens.
Le télétravail, loin d’être une contrainte, continuera à être une opportunité pour les organisations capables d’évoluer avec leur temps, en intégrant les nouvelles pratiques et aspirations des talents de la tech.
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