8,3 milliards d’euros, c’est la somme totale que les startups françaises ont levée en 2023. On pourrait se dire que c’est beaucoup, mais c’est en réalité une baisse inédite de 38% en valeur et de 3% en volume, selon le baromètre de EY. Mais il y a déjà de premières éclaircies qui se profilent à l’horizon. La dernière en date, par exemple, est Mistral AI, la jeune pousse française créée en mai 2023 qui entend révolutionner l’IA avec une récente levée de fonds de 385 millions d’euros.
Alors, quelles conséquences pour le marché de l’emploi dans l’IT ? “Il n’y a pas eu de hausse du nombre d’emplois en 2023 à cause d’une crise des investissements côté VC (ndlr : Venture Capital). Or, si les entreprises, notamment les startups de la Tech, ne lèvent pas de fonds, elles ne peuvent pas recruter des profils techniques qui coûtent particulièrement cher”, analyse Robin Laboussole, consultant senior et manager au sein du cabinet Urban Linker. Mais, la tendance revenant à la normale, certains métiers sont particulièrement recherchés.
“Les sociétés ont dégraissé leurs effectifs au niveau des développeurs en 2023, mais aussi au niveau des postes stratégiques qui ne sont pas dans l’opérationnel. C’est pourquoi le marché est saturé d’engineering manager en ce moment”, constate Robin Laboussole.
Mais un autre paramètre important pourrait faire augmenter la quantité d’offres d’emploi sur le marché, comme le précise Ibrahim Chettih, consultant en recrutement pour le cabinet Talents IT : “C’est de plus en plus difficile pour les entreprises de faire venir des développeurs étrangers en France, notamment depuis les pays du Maghreb. On pourrait donc constater une hausse des postes à pourvoir en 2024 pour cette raison.”
En dépit d’une certaine stagnation, les salaires IT demeureront à un niveau élevé surtout pour certains profils en tension ou hautement qualifiés. C’est ce que prévoit le cabinet Robert Half à l’occasion de la publication de son guide des salaires 2024.
Par exemple, les ingénieurs DevOps peuvent s'attendre à des salaires variant de 55 000 à 70 000 euros, soit une hausse de près de 15% par rapport à 2023. Et les Pentesters, spécialisés en cybersécurité, pourraient également voir leurs salaires augmenter, avec des fourchettes salariales allant de 40 000 à 60 000 euros, selon leur expérience, soit une augmentation de près de 13% par rapport à l’année dernière. Les ingénieurs Cloud, pour leur part, devraient grimper à des niveaux compris entre 55 000 et 70 000 euros après deux à cinq ans d’expérience. La hausse de salaire serait comprise entre 7 et 13% par rapport à 2023.
70% des employeurs estiment qu’une plus grande transparence sur la question des salaires serait positive pour la culture d’entreprise. Et c’est d’ailleurs une volonté de l’Union Européenne. 56% des entreprises estiment donc que la transparence facilitera les négociations salariales.
Mais des disparités entre Paris et les régions existent encore. En effet, les salaires sont 5% supérieurs à la moyenne en région parisienne. Et ils sont entre 15% et 5% inférieurs à cette grille en province. Avec, par exemple, -15% à Rennes, -10% à Lille, Montpellier et Bordeaux et -5% à Lyon et Marseille. Toutefois, ce retard pourrait être vite rattrapé, comme le note Robin Laboussole : “S’il y a bien des disparités de salaire entre la capitale et les régions, ces dernières rattrapent progressivement leur retard, notamment à cause de l’augmentation du prix de l’immobilier.” 2024 laisse donc entrevoir de belles opportunités pour le marché de l’IT qui continue de grandir.
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