Le numérique est l’un des secteurs d’activité qui compte le plus de disparités femmes-hommes. Et c’est, en même temps, le secteur qui enregistre la plus grande croissance économique. Il est donc important de remédier au problème le plus rapidement possible.
Seulement 29% des effectifs du numérique en France sont des femmes en 2020, dont 16% dans les métiers techniques et 22% dans les postes de direction, selon le dernier rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE). Mais, plus problématique encore, la situation ne semble pas prête de s’inverser. Car seulement 7% des adolescentes déclarent avoir envie de s'orienter vers le numérique contre 29% des garçons. Elles étaient 14,6% en 2023 à choisir la spécialité numérique et sciences informatiques (NSI).
Le problème des réseaux sociaux ?
Pour réaliser son enquête, le HCE a analysé les cent contenus les plus vus sur YouTube, TikTok et Instagram. L’organisme a également auditionné une quarantaine d’experts et expertes de tous les secteurs : Éducation nationale, enseignement supérieur, associations, réseaux sociaux ou encore entreprises.
Le verdict est alarmant. Sur Instagram, 68% des contenus propagent des stéréotypes de genre, 27% contiennent des propos à caractère sexuel et 22% des propos à caractère sexiste. Sur YouTube, 24% des contenus contiennent des éléments de violence et seulement 8% des vidéos sont faites par des femmes. Enfin, sur TikTok, 61% des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins et 42,5% des séquences d’humour et divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes.
“Les réseaux sociaux participent au triple processus d’invisibilisation des femmes, de reproduction des stéréotypes de genre et de diffusion de la violence symbolique et physique envers les femmes”, résume le HCE. Le secteur du numérique serait ainsi “largement dominé par les hommes” et gangréné par “une forte culture sexiste”. Et les chiffres ne démentent pas ce constat. En 2022, seuls 22% des postes de dirigeants des entreprises de la French Tech 120 sont occupés par des femmes, 18% dans le Next 40 et 20% pour le Cac 40, selon l’étude de Sista et Little Big Connection.
Les solutions à mettre en place
Pour endiguer les disparités de genre, le HCE a formulé quelques préconisations qui se recoupent avec le programme Tech pour toutes d’Elizabeth Borne, annoncé en juin dernier lors de VivaTech. La première mesure consiste évidemment à évaluer les plateformes de contenu avec l’Arcom, afin d’analyser l’évolution du traitement des femmes sur internet. Un système de quotas est également envisagé, à la fois dans les lycées (et les filières technologiques en particulier) et dans les entreprises. L’objectif est de construire un accompagnement personnalisé des femmes vers le numérique, avec un système de mentorat et de tutorat.
Une autre mesure forte consiste à déployer une méthode de bonification dans Parcoursup pour les filles qui choisissent les filières numériques. Mais, pour les femmes qui sont déjà en activité professionnelle, le HCE compte aussi sur un ensemble d’aides financières à la reconversion au numérique, à destination des femmes qui se forment et des entreprises qui les recrutent.
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