Peux-tu nous dire quel est ton parcours ?
J’ai fait beaucoup d’études et ai connu trois systèmes éducatifs différents, dans trois pays : en Biélorussie, mon pays d’origine, aux Etats-Unis à Harvard, et en France à l’Ecole normale supérieure et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. J’étais passionnée par l’éducation et très curieuse, je voulais tout savoir. J’ai fini par enseigner à l’université, et j’ai même créé une école d’été avec un format éducatif alternatif. J’ai ensuite travaillé dans le conseil pour de grandes entreprises, chez McKinsey. C’est un domaine très riche mais pas forcément lié à l’éducation ce qui m’a beaucoup manqué. En 2013 je me suis intéressée au développement des MOOC, et me suis passionnée pour les sujets EdTech. La révolution numérique dans l’éducation était en marche. Je me suis dit que le moment était venu de me lancer, de créer quelque chose. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Romain, mon associé, dans un Hackathon sur la E-éducation à l’école 42, et c’est avec lui que nous avons créé la Wild Code School.
Tu avais déjà été confrontée au monde du web et du développement avant ta rencontre avec Romain ?
C’est après mon expérience dans le conseil que j’ai plongé dans le milieu des startups, du web, et du numérique. J’ai fait moi-même quelques tutoriels sur HTML/CSS et PHP, notamment sur le site d’OpenClassrooms, à l’époque le Site du Zéro. J’ai également participé à plusieurs hackathons et meetups, ce qui m’a permis de mieux comprendre cet univers particulier et d’intégrer la communauté. J’ai enfin beaucoup fréquenté Numa, l’espace numérique parisien, où j’ai assisté à plusieurs conférences et où nous nous sommes réunis avec Romain pendant la période de gestation de notre projet.
Pour toi, comment le code peut-il prendre place dans le quotidien des femmes souhaitant créer leur entreprise ?
Le code ouvre beaucoup d’opportunités du point de vue professionnel pour tout le monde, donc aussi pour les femmes. Il permet de s’affranchir des contraintes physiques pour créer un produit, une entreprise. Il « suffit » aujourd’hui dans certains cas d’avoir un ordinateur avec une connexion internet, un peu de temps et une bonne idée. En alignant des lignes de code on peut rapidement créer un outil efficace qui a de la valeur. Savoir coder permet aux femmes d’être plus créatives et de se lancer plus facilement dans un projet entrepreneurial.
Trouves-tu qu’il y a assez de femmes actuellement dans le milieu du développement web ?
Il y a de plus en plus de femmes qui s’y intéressent, qui se lancent, mais il n’y en a pas assez. Il faut communiquer plus sur les possibilités que le numérique offre aux femmes. Le code peut sembler difficile au premier abord mais au fond, il ne s’agit que d’un nouveau langage à apprendre. Le développement est ouvert à tous les profils et les femmes ont tout à fait leur place dans le monde du code.
Au niveau des élèves, y-a-t-il beaucoup de femmes qui suivent la formation de la Wild Code School ?
Il y a 25% de femmes à la Wild Code School aujourd’hui, ce qui est un bon niveau comparé à d’autres écoles techniques qui s’approchent plus des 10%. On souhaiterait quand même faire mieux. Le métier de codeur peut impliquer des horaires décalés, ce qui peut sembler être une contrainte, mais c’est surtout un travail avec des horaires très souples. Une femme seule ou avec des enfants peut donc adapter son emploi du temps. C’est aussi un métier que l’on peut exercer en télétravail, à distance. Il faut d’abord passer un an ou deux auprès de développeurs professionnels pour gagner de l’expérience, puis on est assez libre, on devient rapidement autonome. Et on peut exercer où l’on veut. Il y a des développeurs qui changent régulièrement de lieux de vie et qui codent en voyageant. Et peu importe alors où se trouve le client.
Un mot pour la fin ?
Je trouve qu’on sous-estime d’une manière générale dans notre société le potentiel managérial des femmes, en termes de gestion d’équipe, d’organisation du temps de travail etc. J’adore travailler avec les femmes, je trouve que les femmes sont de superbes managers.