Dans un secteur numérique où tout va très vite, où les métiers d’aujourd’hui ne seront pas forcément les métiers de demain, comment définir et référencer nos métiers et nos compétences ?
Il y a quelques mois, la Wild Code School rencontrait les représentants d’IT Professionalism Europe (ITPE), ce réseau de professionnels du numérique en Europe chargé de diffuser et de faire connaître le référentiel européen des e-Compétences (e-CF).
Austeja Trinkunaite, la représentante d’ITPE revient sur la genèse du projet :
Quand tout a commencé il y a 10 ans, notre souhait était simple : créer un référentiel des compétences numériques européen pertinent pour permettre aux écoles, aux entreprises et aux demandeurs d’emploi de se comprendre.
Austeja Trinkunaite le reconnaît, daté de 2014, le référentiel manque de notoriété dans certains pays, et notamment en France alors qu’il a été largement adopté aux Pays-Bas.
Interrogée par la Wild Code School, Samia Ghozlane, la Directrice de la Grande École du Numérique regrette d’ailleurs ce manque de notoriété en France :
Il est évident qu’en France on ne s’est pas du tout approprié ce référentiel des compétences européen, peut-être parce qu’on a surtout une logique de diplôme.
Un de nos grands défis à la Grande École du Numérique est de passer d’un recrutement fondé sur un diplôme, à un recrutement basé sur les compétences.
Un point de vue partagé par Sebastien Sigiscar, qui exerce au sein de la Direction de l’Ingénierie à l’AFPA :
En Europe, on ne parle que de compétences, mais c’est la qualification qui est au socle de la culture française. La qualification correspond à un système de représentations, on peut la déterminer, c’est un statut qui est lié à un niveau d’études. Si demain on rémunère la compétence, qui va être le juge, c’est LinkedIn ?
Une question que se posait d’ailleurs légitimement Anna Stépanoff, fondatrice de la Wild Code School dans un article publié sur son blog : LinkedIn remplacera t-il un jour les référentiels de compétences pour les métiers numériques ?
Anna Stépanoff pointe notamment la difficile mise à jour d’un tel référentiel, quand LinkedIn promet une agilité inégalée :
Bien sûr, un référentiel européen fait sens pour la Wild Code School : nous voulons devenir un réseau européen d’écoles numériques et proposer une formation homogénéisée à tous nos élèves, mais il n’est pas mis à jour assez régulièrement. On aurait besoin d’une nouvelle version presque tous les 6 mois.
Dans un monde idéal – se prend à rêver Anna Stépanoff, le référentiel serait associé à une intelligence artificielle capable de faire une veille ciblée avec de la donnée publique. Elle récupérerait les offres d’emplois pour détecter les métiers en tension et les décomposerait en compétences en temps réel. On aurait ainsi une cartographie vivante des métiers !
Un point de vue qui rejoint celui de Sébastien Sigiscar qui imagine “Il faudrait une version du référentiel en ligne, qui se met à jour proactivement au fil des consultations, pour moi le référentiel c’est un outil de repérage RH avant tout.”
Pour IT Professionalism Europe, LinkedIn présente tout de même un vrai problème :
“ On utilise une même terminologie, mais on ne veut pas toujours dire la même chose. Quand on veut parler la même langue, on a besoin de structure et de stabilité.
C’est vrai que le référentiel européen est statique, mais c’est un point de repère sur lequel s’arrêter. La dernière version de notre référentiel date de 2014, nous sommes conscients que de multiples mises à jour sont désormais nécessaires. ”
C’est dans le contexte de la mise à jour prochaine du référentiel européen des compétences numérique qu’est organisé le 31 mai 2018 à la Wild Code School une table-ronde et un workshop qui questionne l’usage de ce référentiel.
En présence de Jutta Breyer, chargée de projet e-CF, qui présentera le référentiel, venez échanger proactivement sur votre usage des référentiels de compétences !
Intervenants confirmés :
Austeja Trinkunaite, Secrétaire Générale – CEPIS représentante de ITPE
Jutta Breyer, Chargée de projet – e-CF et ICT Professional Profiles
André Richier, « Politiques, Analyses & Conseil », DG Grow de la Commission européenne
Sébastien Sigiscar, Manager Unité Sectorielle, Direction de l'Ingénierie à l'AFPA
Samia Gholzane, Directrice de la Grande Ecole du Numérique
Frédéric Lau, Chargé de mission au CIGREF
Anna Stépanoff, Fondatrice de la Wild Code School