Passant de six milliards de dollars en 2013 à plus de 176 milliards de dollars en 2021, les investissements des entreprises dans le secteur de l'intelligence artificielle ont fortement augmenté dans le monde, selon la dernière étude de Statista. “Il y a une accélération phénoménale de la recherche autour de l’IA générative, témoigne Marie Crappe, Head of Data chez Choose. Et même si la plupart des entreprises sont américaines, il y a beaucoup de chercheurs français qui s’emparent de ce sujet.” En effet, avec l’entreprise partenaire Hugging Face, le CNRS a déjà déployé sa propre IA générative pour concurrencer Chat-GPT. Baptisé Bloom, le programme open source est disponible en libre accès et compte, selon le CNRS, près de 50 000 téléchargements par mois.
Un concours de circonstances
Avec une activité en pleine explosion depuis janvier 2023, l’histoire de l’IA générative est très courte. “Tout commence en 2017, lorsque des chercheurs gagnent un concours de traduction littéraire grâce à une IA générative”, raconte Didier Girard, co-CEO et CTO de SFEIR, un cabinet spécialisé en transformation numérique. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que l’IA s’empare des images, en plus du texte. En 2018, le premier portrait peint par une IA a ainsi été vendu 432 500 dollars aux enchères à New York.
Alors que l’IA générative commence à faire parler d’elle dans la presse, les startups s’emparent déjà du sujet. Elles sont aujourd’hui 590 en France à mettre l’IA au cœur de leur proposition de valeur, selon France Digitale, et 76 à être spécialisées dans l’IA générative, que ce soit par le son, l’image, le texte ou la vidéo. C’est une hausse de 24% par rapport à 2021, montrant que la tendance persiste. D’ailleurs, à elles seules, ces jeunes pousses ont déjà levé 3,2 milliards d’euros.
Des craintes d’aujourd’hui…
Une croissance aussi rapide et médiatisée engendre nécessairement des craintes, tant de la part des utilisateurs que des chercheurs dans le domaine. Car, si la technologie a fait un bond en avant fulgurant, des limitations subsistent, comme les phénomènes baptisés “hallucinations”. Ces hallucinations interviennent lorsque l’IA invente des informations plausibles mais fausses, quand Chat-GPT affirme, par exemple, que le TGV entre Clermont-Ferrand et Paris relie les deux villes en 2h30. Ce serait sûrement le cas, si cette ligne de TGV existait… “Pour contrecarrer ces phénomènes d’hallucinations, nous sommes obligés de donner plus d’informations et de contexte à l’IA. Mais, pour cela, il faut déjà se rendre compte que l’IA hallucine”, enseigne Marie Crappe.
Comme tous les outils avant elle, l’IA peut être mal utilisée, ou plutôt utilisée à des fins malveillantes. Or, c’est un outil de communication et de diffusion très puissant. Il nécessite donc une régulation particulière pour endiguer la génération de contenus haineux ou violents. Mais c’est aussi un défi économique, car, comme le rappelle Didier Girard : “D’un point de vue business, beaucoup de changements sont à prévoir, et certains métiers vont en souffrir. Ce sont près de 300 millions d’emplois de cols blancs qui sont menacés.” C’est en effet la prédiction de la banque d’affaires Goldman & Sachs.
… Aux espoirs de demain
À l’image du Prompt Engineer qui vient d’apparaître sur le marché de l’emploi, l’IA générative créera et crée déjà de nouveaux métiers dans son sillage. “Le futur est immense, tempère Didier Girard, que ce soit dans la génération de texte, d’image, de son ou de vidéo. Beaucoup de solutions sont déjà utilisables et vont se perfectionner dans les années à venir.” Et même si la technologie atteint ses limites, de nombreux progrès restent à découvrir dans le design et la présentation de ces outils aux utilisateurs.
Les algorithmes de Chat-GPT existaient depuis plusieurs mois chez les concurrents d’OpenAI, témoigne Didier Girard. Leur véritable innovation vient de l’UX, avec l’introduction de la barre de chat. Parce que, si on savait déjà programmer une IA générative, nous n’avions pas encore l’idée de dialoguer avec elle.
Didier Girard, co-CEO et CTO de SFEIR
Qui peut savoir quelles seront les autres utilisations possibles de l’IA dans le futur ? “Une chose est sûre, répond Marie Crappe, notre génération n’a pas besoin de savoir calculer. Alors, peut-être que la génération suivante n’aura pas besoin de savoir rédiger.”
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