Si la notion d’éco-conception est immédiatement lisible lorsque l’on parle de produits « physiques », son application est tout de suite plus abstraite lorsque l’on aborde la question du numérique… et pourtant. Avec 4% des émissions de gaz à effet de serre, et une dynamique exponentielle, le secteur numérique fait face à un challenge de taille pour réduire son impact. Entre 2010 et 2025, on prédit que l'impact lié aux usages numériques va tripler dans le monde (2 à 6%) selon GreenIT.fr.
Défini par l’ADEME comme « une démarche qui permet de réduire les impacts négatifs sur l'environnement des produits, procédés ou services sur l’ensemble de leur cycle de vie, tout en conservant leurs qualités d’usage », l’écoconception est une approche protéiforme. Appliquée au numérique, elle considère donc à la fois l’impact du matériel mais aussi de la consommation, des data centers etc…
Commandée en 2020 par le Ministère de la Transition Écologique, une étude menée conjointement par l’ADEME et l’ARCEP résume les grandes problématiques liées à la fabrication et à l’utilisation de produits et services numériques : l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, celui des ressources abiotiques (minéraux et métaux) et de l’eau pour les extraire, et l’empreinte carbone du secteur.
L’étude indique également que parmi les postes qui ont le plus d’impact, les terminaux (téléphones, ordinateurs télévisions…) arrivent largement en tête avec 65 à 90% de l’impact environnemental global du secteur.
A la manière du Nutri-Score pour l’alimentation, l’écoconception se dote à la fois de méthodes d’évaluation et d’outils pédagogiques pour mesurer les axes de progrès et améliorer l’impact du numérique. Le but ? Innover plus en innovant mieux.
Envisager une décroissance de l’usage numérique relèverait de la chimère. Loin de céder aux sirènes du catastrophisme, le secteur du numérique envisage en revanche avec de plus en plus de convictions une amélioration à bien des échelles de son impact.
Sur les composants et le matériel premièrement, qui représente plus de la moitié de son empreinte carbone. La fin progressive de l’obsolescence programmée ou encore l’émergence des dispositifs reconditionnés sont autant d’exemples d’une transition déjà amorcée qui correspond aux solutions proposées par les stratégies d’écoconception.
Les services numériques ne sont pas en reste. De plus en plus d’organismes, d’entreprises, voire d’institutions s’interrogent aujourd’hui sur le bon équilibre entre l’amélioration de l’expérience utilisateur·rice·s, la croissance technologique et leur consommation d’énergie. C’est par exemple le cas de la CCI d’Occitanie qui avait, dès 2018 lancé une phase d’expérimentation sur 30 PME et TPE pour repenser tout leur environnement numérique en privilégiant leur qualité tout en réduisant leur impact. Un succès, à en croire Christophe Fernique, alors Conseiller Environnement à la CCI Hérault et Occitanie : « En réduisant le gras numérique, en réfléchissant au nombre d’aller-retours avec les serveurs, aux modes de compression des images, on arrive à réduire l’impact environnemental d’un site web de près de 80% ».
Parfois tourné en ridicule, à force d’usages intempestifs de la formule, le mantra de beaucoup de géants de la tech avait un peu de plomb dans l’aile… En cause : la surutilisation, certes, mais aussi une forme de décorrélation entre l’ambition affichée et la réalité des indicateurs désormais disponibles. Du moins sur le plan écologique.
L’écoconception arrive donc à point nommé pour refaire du numérique un secteur porteur d’amélioration globale de la société. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants des plus grands acteurs du secteur se sont emparés du concept, en soulignant son importance. Ce fut le cas de Tim Cook, PDG d’Apple : « Dans le monde de la technologie, l'écoconception est une responsabilité essentielle. Nous devons créer des produits qui soient à la fois innovants et respectueux de l'environnement », ou encore de Meg Whitman, ancienne PDG de Hewlett Packard Enterprise : « L'écoconception est l'avenir de l'industrie technologique. En concevant des produits plus durables et en adoptant des pratiques de fabrication respectueuses de l'environnement, nous pouvons transformer notre secteur en un moteur de croissance durable ».
La clé est bien dans cette dernière partie de la citation de Meg Whitman : moteur durable. Le numérique est un formidable outil de croissance, l’écoconception est certainement la dimension qui lui permettra de l’être pour longtemps. Les data centers intelligents et moins énergivores, la recrudescence des solutions d’upcycling ou de reconditionnement, ou encore le projet d’étiquette de performance environnementale d’un service web vont dans le sens d’une plus grande connaissance, prise en compte, et démocratisation du sujet.
Or pour écoconcevoir un produit ou un service numérique innovant, le premier pas est l’apprentissage de ses caractéristiques. Vous souhaitez vous formez aux métiers de la tech ? Découvrez nos formations en Développement Web, Data, Product Design ou Infrastructures et Cybersécurité.