Prendre rendez-vous avec son médecin, faire ses courses, acheter son billet de train, commander son plat au restaurant ou ses billets au cinéma… Les outils technologiques se multiplient à une vitesse exponentielle ces dernières années. Et pour cause, le monde compte aujourd’hui 5,16 milliards d’utilisateurs d’Internet, soit 64,4% de la population mondiale.
Faciliter l’accès au numérique
Malgré la démocratisation croissante des outils, de fortes inégalités persistent dans l’accès au numérique.
“Deux types de barrières bloquent l’accès au numérique : la peur de la prise en main, qui disparaît rapidement avec un accompagnement approprié, et la précarité économique. Aujourd’hui, 8 millions de personnes n’ont pas accès à un équipement technologique.”
Emmanuelle Jollivet, responsable des relations donateurs chez Emmaüs Connect.
Pour sensibiliser les victimes de la fracture numérique, et leur permettre de se former sur les bons outils, l’association Emmaüs Connect a ainsi équipé 20 000 foyers en ordinateurs.
L’exclusion du numérique a aussi des conséquences sur l’employabilité des personnes. “Une crise de la confiance en soi se développe inévitablement chez toutes les personnes qui se sentent exclues du numérique”, explique Thierry Ngo, responsable d’exploitation chez Acces inclusive Tech, une entreprise visant à faire de la technologie un facteur d’inclusion dans le monde du travail. L’inclusion numérique passe autant par le marché du travail que par une utilisation personnelle des outils technologiques. Pourtant, la tendance est à l’automatisation des tâches, qui exclue de fait les travailleurs moins qualifiés. “L’automatisation coûte aussi cher, voire plus cher, que le recrutement de personnes formées sur un métier”, déplore le responsable d’exploitation.
Accéder à de nouveaux emplois
Chaque année, près de 80 000 emplois sont non pourvus dans le secteur du numérique en France. Seulement, les profils les plus convoités sont les seniors, encore très rares sur le marché du travail.
“Pour nous, l’inclusion numérique c’est l’accompagnement de nos talents. Nous essayons de faire comprendre aux experts opérationnels que toutes les personnes sont employables dans le secteur du numérique.”
Thierry Ngo, responsable d'exploitation chez Acces inclusive Tech
Pour favoriser la reconversion professionnelle vers les métiers du numérique, l’association Diversidays, qui vise à faire émerger les talents sous-représentés ou discriminés dans les métiers du numérique, a lancé le programme DéClics Numériques. L’objectif est de faire découvrir des métiers de la Tech à toutes les personnes éloignées du numérique. “Nous observons un retour à l’emploi de nos participants de 33% et 25% de retour à la formation avec notre programme. Et nous venons de signer un partenariat avec l’APEC pour accélérer dans ce domaine”, détaille Nadim Bel Lallahom, Président de l’association. Diversidays coopère ainsi avec Pôle Emploi pour sensibiliser les personnes en recherche d’emploi aux métiers de la Tech. Une initiative importante, notamment pour les personnes en situation de handicap auxquelles elle s'adresse en partie. Pour rappel, la France compte seulement 628 800 travailleurs handicapés en 2021, soit un taux d’emploi direct de 3,5% des effectifs. Selon les derniers chiffres de la Dares, l’objectif de 6% n’a pas encore été atteint.
Créer de nouveaux imaginaires
Alors, comment reconnecter toutes les personnes exclues du numérique ? Pour Nadim Bel Lallahom, cela passe avant tout par une meilleure communication.
“Il y a un vrai manque de représentation et de rôles modèles dans les milieux les plus défavorisés. Un entrepreneur de la Tech cherche des solutions à des problèmes de société, la diversité des profils est donc essentielle pour résoudre les problèmes des classes sociales sous-représentées. Or, le numérique fait face à une crise des représentations et des imaginaires.”
Nadim Bel Lallahom, Président de Diversidays
Mais les entreprises aussi doivent prendre la mesure du problème pour pouvoir y répondre. “Nous sensibilisons au maximum nos clients et leurs partenaires sur le sujet de l’inclusion numérique”, abonde Thierry Ngo. Et dans ce domaine, de nombreux progrès ont déjà été réalisés. “Le secteur de la Tech est particulièrement victime des discriminations, mais les grands groupes jouent le jeu et tirent l’industrie vers le haut”, témoigne Nadim bel Lallahom. La tendance est ainsi à l’amélioration.
Quel avenir pour le numérique ?
“Nous fêtons nos dix ans et nous réfléchissons déjà aux dix prochaines années, admet Emmanuelle Jollivet. Est-ce que nous voulons plus ou moins de numérique ? Et à quel moment nous décidons de perdre l’humain dans l’ultra efficacité promise par le numérique ? Dans dix ans, j’espère que nous aurons plus de contrôle sur nos outils, moins de visioconférences et plus de rapports humains.” Des outils plus performants, moins systématiques et surtout mieux partagés, c’est la première étape pour lutter contre la fracture numérique.
POUR APPROFONDIR LE SUJET
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