35,8% des actifs occupés ont décidé d’entreprendre une reconversion professionnelle en 2022, contre 26,2% en 2016, selon l’Observatoire des Trajectoires Professionnelles. La hausse est constante d’année en année. Et avec des phénomènes récents comme la “Grande Démission” et le “Quiet Quitting”, il est fort probable que ces chiffres augmentent encore sur l’année 2023. “La reconversion professionnelle était presque un gros mot il y a dix ans, analyse Guillaume Mallet, directeur opérationnel en recrutement du Cabinet BMC. Il faut maintenant la voir comme une opportunité de grandir, autant pour les candidats que pour les entreprises.”
Quand tout s’accélère…
Les salariés n’acceptent plus d’avoir un emploi uniquement pour exister socialement. Ils ont plus que jamais besoin de trouver du sens dans leur job, de se projeter et d’avoir des rêves. Et aujourd’hui, nous acceptons plus facilement l’évolution de nos rêves. Car nous n’avons pas les mêmes aspirations à 25 ans et à 40 ans”
Guillaume Mallet, Directeur opérationnel en recrutement du Cabinet BMC
Les chiffres des récentes études vont effectivement dans ce sens. 87% des salariés se disent ainsi prêts à changer de métier, selon une étude réalisée en avril 2023 par l’IFOP pour Orient’action.
Et ces reconversions professionnelles s’expliquent aussi par l’impact du numérique sur le marché du travail. France Stratégie estime par exemple que plus de 115 000 postes d’ingénieurs en informatique seront créés d'ici à 2030, soit une hausse de 26% par rapport à 2019. En pleine explosion, les métiers de la Tech représentent une nouvelle opportunité pour les salariés ou étudiants qui souhaitent changer de carrière.
… Il faut prendre le temps de la réflexion
Si la quête de sens est le moteur de la reconversion professionnelle, d’autres enjeux sont à prendre en compte pour les salariés. Obtenir un meilleur équilibre vie pro/vie perso (17 %) et exercer un métier moins stressant (12%), sont deux données capitales selon l’étude de France Compétence. “Nous ne sommes qu’aux prémices du phénomène de la reconversion professionnelle. Je le sais parce que nous accompagnons de plus en plus de jeunes en reconversion, détaille Guillaume Mallet. Depuis le Covid notamment, les travailleurs ont eu le temps de se demander précisément ce qu’ils voulaient faire de leur vie.” Cette réflexion a été le premier point de rupture.
Par exemple, Saïma était auparavant directrice de magasin dans la grande distribution avant de rejoindre le bootcamp de la Wild Code School pour devenir développeuse web. En partenariat avec Social Builder, la formation gratuite est exclusivement adressée aux femmes demandeuses d’emploi. “La graine du web était déjà plantée depuis longtemps”, témoigne-t-elle. Mais c’est en ayant connu une longue phase de chômage qu’elle a décidé de se lancer dans le développement web. Elle aimerait, à termes, trouver un métier qui pourrait concilier ses deux casquettes : le développement web et le commerce. Car, pour elle, une reconversion "ce n'est pas repartir de zéro, mais c’est avant tout agrandir ses bagages".
Les conseils d’expert pour (bien) se reconvertir
Pour être efficace et pertinente, la reconversion professionnelle doit s’anticiper en amont.
Le plus important est de commencer par identifier ce qu’on ne veut pas faire, pour mieux trouver ce qui nous plaît. Mais attention, il faut ensuite vous demander ce qui est bon pour vous à court, moyen et long terme. Car, trop souvent, l’envie à court terme est une fuite en avant qui nous sert à rejeter complètement notre précédente expérience.”
Guillaume Mallet, Directeur opérationnel en recrutement du Cabinet BMC
Or, la reconversion professionnelle ne doit pas être la réaction épidermique à une mauvaise expérience. Il faut au contraire la construire et la structurer dans le temps. Ainsi, 83% des personnes qui ont mené une réflexion pour changer de métier en étant accompagnées, par exemple dans le cadre d’un Projet de Transition Professionnelle (PTP), affirment que leurs nouvelles conditions de travail sont meilleures qu’avant, voire bien meilleures, selon InfoCEP.
“Depuis 3 ans, nous aidons l’APEC avec un programme qui s’appelle “Rebond Cadre”. Nous aidons notamment les candidats à pitcher leur carrière pour mettre en avant leurs spécificités. Et il faut garder à l’esprit que rien ne vous empêche de postuler et de jouer sur vos différences. Comme le CV est la première barrière à franchir, je conseille toujours aux candidats de présenter leur parcours en une phrase sous leur nom, pour expliquer leurs différences et leurs motivations”, explique Guillaume Mallet. Il ne faut pas cacher sa reconversion ou la voir comme un défaut, mais plutôt comme une force.
Car la reconversion est une chance pour les entreprises. Elle permet en effet aux candidats d’appréhender leurs nouvelles expériences avec un regard froid et original. C’est, finalement, le premier pas vers l’amélioration continue. Alors, vous aussi vous souhaitez vous reconvertir dans un métier de la Tech ?
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